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Ces dernières années, le marché de la chimie enregistre une croissance forte et régulière. Spécialisé dans le développement de principes actifs pour l’industrie pharmaceutique, Minakem innove en permanence afin de répondre aux nouveaux besoins du marché. Frédéric Gauchet, président fondateur du groupe Minafin, répond à nos questions.

 

 

Pouvez-vous présenter Minakem ?

Minakem fait partie du groupe Minafin, créé en 2004. Minakem développe et industrialise des procédés de fabrication des principes actifs destinés à l’industrie pharmaceutique. Nous ne sommes pas un inventeur de molécules. Notre valeur ajoutée consiste à mettre au point les méthodes de fabrication les plus efficaces et les plus rapides pour répondre aux besoins de nos clients, et assurer la production de gros volumes. Cela implique une dimension chimique, mais aussi un aspect réglementaire afin de respecter les contraintes en termes de matières premières et d’empreinte sur l’environnement. Aujourd’hui, nous comptons 550 salariés, répartis sur 2 sites en France (Beuvry-la-Forêt et Dunkerque) et un autre en Belgique (Louvain-la-Neuve). Nos clients sont essentiellement des grands groupes pharmaceutiques, européens et nord-américains. Minakem peut également travailler avec des entreprises plus petites de ce secteur.

Quels sont les enjeux de votre marché ?

Le principal concerne les innovations de la chimie destinées à rendre les nouvelles thérapies industrielles. Les progrès de la recherche conduisent à des besoins inédits en chimie. Par exemple, le vaccin à ARN messager, largement médiatisé depuis la pandémie de Covid-19, nécessite une méthode de fabrication et de conditionnement nanoscopique très particulière. Même chose pour les antiviraux, ou pour les deux médicaments développés par les laboratoires Merck et Pfizer pour un traitement contre la Covid-19 qui impliquent des technologies chimiques précises. Nous devons donc innover en permanence, être très réactifs afin d’intervenir en amont des besoins et ne pas retarder le développement de nos clients. Les fabricants pharmaceutiques nous sollicitent dès les phases de recherche. Nous n’attendons pas que les essais cliniques soient terminés pour apporter des solutions. Cela implique des interactions solides avec nos clients et des relations bâties dans la durée.

Notre marché est extraordinairement porteur, la chimie de la santé et la chimie fine représentent des demandes qui surperforment l’évolution économique, de 3 ou 4 points en général, ce qui est très significatif.

De quelle manière Minakem s’adapte à l’émergence de nouvelles innovations en chimie ?

Notre entreprise investit près de 80% de ses recettes. Notre industrie ne peut pas évoluer sans investissements massifs. Ainsi, nous présentons des outils capables d’absorber des nouvelles demandes. Nous allons investir 40 millions d’euros afin de moderniser notre site de chimie pharmaceutique de Beuvry-la-Forêt dans le Nord. Avec son projet Phoenix, Minakem entreprend d’importants travaux d’amélioration et de modernisation de ses outils de production. Tout cela va permettre de diminuer les émissions de CO2, de maîtriser l’empreinte carbone dans le but d’accompagner encore plus efficacement nos clients et de s’adapter aux besoins croissants de l’industrie pharmaceutique. En effet, cette modernisation permettra à Minakem de répondre aux nouvelles demandes en principes actifs pharmaceutiques des clients, dans le respect des règles de qualité les plus strictes et de réglementation de l’industrie du médicament, notamment pour des traitements contre la COVID-19.

Le projet comprend, d’une part, le réaménagement complet d’un atelier de fabrication existant pour la synthèse d’intermédiaires et de principes actifs pharmaceutiques et, d’autre part, la création d’une plateforme “nouvelles technologies” pour le développement de la chimie en continu. Les principaux travaux seront réalisés courant 2022 pour une mise en service des installations prévue en 2023. A terme, ce projet pourrait permettre la création d’une vingtaine d’emplois. Cet investissement était prévu mais grâce au plan France Relance, mis en place par le gouvernement et dont va bénéficier Minakem, nous allons pouvoir être encore plus ambitieux dans notre modernisation.

Concernant l’emploi justement, certains secteurs industriels ont du mal à recruter. Est-ce aussi votre cas ?

Effectivement, il existe un véritable enjeu de recrutement et de développement des compétences. Une difficulté à recruter du personnel qualifié demeure en France et en Europe. Nous manquons par exemple d’ingénieurs de maintenance, de techniciens de qualité, d’ingénieurs et de techniciens analytiques. Les filières universitaires ne forment plus à ces métiers. Cela pose un réel problème dans la réindustrialisation du pays.

Pourtant, il existe aujourd’hui une tendance du Made In Europe pour l’industrie en général, boostée par la pandémie de Covid-19. Votre secteur est-il également concerné ?

Cette tendance existe depuis la fin des années 2000, lorsque les grands groupes pharmaceutiques européens et américains ont souhaité consolider leurs chaînes logistiques pour ne plus être tributaires de l’Asie notamment, pour le lancement de nouvelles molécules. L’industrie pharmaceutique a développé une vraie approche transcontinentale dans la stratégie de fabrication des principes actifs et des médicaments. Nous avons donc été sollicités pour assurer cette diversification et notre industrie connaît une très forte progression depuis une dizaine d’années. Grâce à cela, nous possédons aujourd’hui des outils, des équipes et des ressources industrielles, capables de répondre aux nouveaux besoins.

Comme quoi par exemple ?

Lorsque la demande pour certains principes actifs particuliers, tels que l’Hydroxychloroquine ou l’Azithromycine, a rencontré un large succès, il y a eu quelques tensions sur les stocks mais pas de rupture. L’outil industriel a été capable de réagir rapidement. En revanche, la situation est plus compliquée lorsque nous sommes dépendants des matières premières végétales, à partir desquelles nous devons fabriquer des principes actifs. Certaines ne se trouvent pas en Europe, comme par exemple le magnésium. Aujourd’hui, nous avons besoin d’une politique santé adossée à une politique industrielle européenne. Cette stratégie est en train de se mettre en place, mais elle concerne principalement les médicaments génériques. Nos clients se sont déjà occupés de rendre la chaîne logistique plus robuste et de diversifier les approvisionnements en molécules innovantes.

Ce contenu a été réalisé avec SCRIBEO et diffusée sur BFM TV dans l’émission Décryptage présentée par Stéphane Pedrazzi